Février 1942, Seconde Guerre mondiale. Dans la nuit du 27 au 28 se joue une opération stratégique pour l’issue du conflit. Plus de deux ans avant le Débarquement, c’est un rembarquement qui a lieu sur la côte normande, à Saint-Jouin-Bruneval précisément. À l’issue d’un raid éclair sur un bunker allemand, les Britanniques retraversent la Manche en emportant avec eux un radar pris à l’ennemi, capturant au passage le radariste. Un objet d’une haute technologie, vraie menace pour les avions de la Royal Air Force, qu’ils vont désormais pouvoir analyser, décortiquer, et enfin brouiller.
Sur les 120 parachutistes largués sur le site, six hommes perdent la vie. Pour le reste, la mission, baptisée Opération Biting, est un succès et fait la Une des journaux. « C’était l’un des premiers raids en territoire français, relate François Auber, actuel maire de la commune. Ce type d’action combinant terre-mer-air était une nouveauté à l’époque. Le monde entier a parlé de cette opération audacieuse et unique. »
Une expérience immersive pour perpétuer la mémoire
80 ans plus tard, « alors que la disparition des derniers témoins nous place à un moment charnière, où il faut passer le flambeau mémoriel et impliquer les jeunes », l’équipe municipale a imaginé un projet pour continuer de faire vivre cette histoire : la reconstruction à l’identique de l’une des barges qui a servi aux Britanniques. Les visiteurs pourront, tels les 35 soldats qui embarquaient dans ces ALC (Assault Landing Craft), avoir un aperçu de l’expérience vécue lors du raid, les soubresauts de la mer et les tirs allemands en moins.
« On avait envie de proposer des éléments plus palpables, de permette de toucher l’histoire », explique Benjamin Canayer. Diplômé en histoire, c’est lui qui a effectué les recherches nécessaires à la réalisation de ce projet. Si « on a tous en tête les barges américaines que l’on voit dans les films hollywoodiens sur le D-Day », celle-ci sera différente, puisqu’il s’agit de la version anglaise précise-t-il.
Des jeunes associés au chantier
Longue de 12,30 mètres, large de 3,10, la péniche de Bruneval se base « sur les plans de l’époque, au boulon près ». Sa réalisation a été confiée à CPM Industrie, à Saint-Romain-de-Colbosc. Toujours dans cette logique de transmissions aux jeunes générations, des élèves du lycée Lavoisier et de l’école de production du Havre ont été associés au chantier. Il devrait s’achever pour les cérémonies commémoratives, prévues du 24 au 26 juin prochains.
Au delà de la péniche, installée au niveau du mémorial, c’est toute une histoire et des vestiges de la Seconde Guerre mondiale qu’il reste à mettre en valeur dans le secteur. Pendant six mois, l’association Bruneval 42 et Pays d’art et d’histoire proposeront d’ailleurs une exposition sur Biting et le mur de l’Atlantique. « Il y a un vrai patrimoine sur le mur de l’atlantique entre Le Havre et Fécamp », rappelle François Auber, qui affiche sa volonté « d’intégrer ce réseau très développé en Basse-Normandie mais qui a encore peu de lieux identifiés en Seine-Maritime ».